De l’obligation sur les risques psychosociaux au consensus sur le bien-être au travail
Le contexte
Le sujet des RPS (risques psychosociaux) peut générer des dénis, des tensions et parfois provoquer un véritable désarroi au sein des entreprises. La complexité de la question et sa juridicisation potentielle y contribuent pour beaucoup. Pourtant les sources et causes les plus fréquentes du mal-être et de la souffrance au travail sont rarement éligibles au plan judiciaire
S’il y a donc un sujet sur lequel le dialogue social se doit être consensuel et « co-constructif », c’est bien celui de la prévention des risques psychosociaux (RPS) et plus largement celui de la santé au travail. Il doit être considéré non pas comme une obligation, mais comme un objectif légitime, pouvant fédérer l’employeur, les partenaires sociaux, les managers et les collaborateurs.
Dans cet état d’esprit, l’ensemble des professionnels de l’entreprise peuvent saisir des opportunités de collaboration renouant avec le sens, la cohésion et la progression de l’ensemble et de chacun.
Notre expérience
Le cabinet ORHA intervient depuis des années** sur le sujet des risques psychosociaux. Tout en réalisant des missions de détection et de pesée des risques psychosociaux, d’intervention dans des situations de crise, nous nous sommes investis sur le thème du management préventif des risques psychosociaux.** (plusieurs centaines de managers formés et/ou accompagnés),
Nous avons engagé une recherche permanente afin de définir qu’elles pourraient être les bonnes pratiques clés pour la prévention des risques psychosociaux dans la quotidienneté du travail. Il fallait que ces bonnes pratiques soient respectueuses du bien-être de l’individu au travail et totalement intégrées dans les objectifs de management. Nous avons pu, grâce à la confiance des entreprises et des managers rencontrés, aboutir sur le sujet.
Toutefois au-delà de la part de du management dans la prévention des risques psychosociaux, nous restons conscients de la difficulté qu’éprouvent les entreprises pour engager un dialogue social partagé sur le sujet. Le thème est délicat pour les DRH et les managers, la souffrance au travail ne réjouit personne et la responsabilité potentielle de l’entreprise n’incite pas toujours à une prévention audacieuse.
Pour les représentants des salariés, le sujet des risques psychosociaux est aussi complexe, il génère des tensions avec l’employeur, et les solutions adoptées par l’entreprise ne se révèlent pas suffisamment probantes. De plus, il est très éprouvant pour eux d’être confrontés à des situations de souffrances avérées au travail, voire à des cas plus graves.
Pourtant, nous sommes convaincus que la prévention des risques psychosociaux s’imposant désormais, sans reconsidérer l’atteinte des objectifs de l’entreprise, peut ouvrir à tous une réelle opportunité pour évoquer les objectifs d’épanouissement et de bien-être au travail.
Pour cela il est impératif de développer de réelles compétences pour les pilotes opérationnels de la prévention, à savoir, les partenaires sociaux, les référents RH, les managers influents, les préventeurs, les médecins du travail et autres intervenants. Partager les « mêmes connaissances, mêmes cartes de lectures, mêmes pratiques » est un gage de réussite.
L’hypothèse est envisageable car les bonnes pratiques de prévention des risques psychosociaux et du bien-être au travail, sont factuelles, logiques, transférables et génératrices de progrès.
Alors pourquoi le sujet reste si complexe et ne « prend » pas toujours ?
A ce jour, le sujet de la prévention des risques psychosociaux est suffisamment posé, mais il est encore embourbé dans sa phase émergente, notamment :
- Le stade de théorisation de la matière
- La variété qu’affichent les modèles ou écoles de pensée sur le sujet (rapport Gollac, Karasek, Siegrist, Maslach, ANACT, INRS…)
- Les parti pris exclusifs voire corporatistes, des intervenants lorsqu’ils s’arcboutent au détriment de la finalité de leur mission, sur les outils dits « de référence » ou autoproclamés spécifiques
La situation désoriente souvent les entreprises, mais plus grave, les rend dépendantes de concepts et d’acteurs externes, alors que le succès de la prévention des risques psychosociaux ne peut s’envisager sans une dynamique volontariste interne.
Après avoir formé des encadrants, des chargés de mission RH, des préventeurs, nous avons proposé et animé un cycle de 5 jours sur le thème de « l’élu du CHSCT référent RPS ». L’objectif principal, était de permettre aux participants d’acquérir l’essentiel des compétences techniques de diagnostic requises, mais aussi d’adopter la posture de co-construction pour le pilotage de la prévention. L’objectif induit est aussi de les aider à se protéger lorsqu’ils sont sollicités par les salariés ou par l’entreprise pour s’impliquer dans les situations de souffrance au travail avérée.
L’expérience est très enrichissante et parmi les conclusions encourageantes des stagiaires. Nous vous en livrons une récente : « J’ai compris que nous ne devons pas nous servir des risques psychosociaux pour une cause indirecte mais nous devons être avec l’employeur, au service de la cause de la prévention des risques psychosociaux ».
Consultant chef de projet Sté ORHA